La BU du Mans accueille pendant quelques semaines une exposition d’une quarantaine d’œuvres photographiques d' »El Bo », alias Alban Daumas, enseignant angliciste au département LEA de l’Université du Maine. Afin de vous initier à sa démarche, nous vous proposons ici de découvrir sa vision artistique ainsi que ses commentaires sur les 5 séries de photographies présentées dans l’exposition de la BU, expliquées par l’artiste lui-même. :
« L’exposition photos El Bo Grease propose 5 séries thématiques différentes: Flowaz, Konkrete, Kullaz, Seattlescapes & Rokokitsch. Le dicton “Beauty lies in the eye of the beholder” (“la beauté se trouve dans l’oeil de celui qui regarde”) est la devise que j’ai choisie pour résumer mon travail. C’est une invitation (due à une déformation professionnelle, peut-être) encourageant indirectement le spectateur à questionner son regard plus encore que l’objet regardé. Chercher le beau dans les choses banales du quotidien est une philosophie de vie avant d’être une démarche artistique. Chacun choisit d’être optimiste ou pessimiste, ça ne s’impose pas à soi. Ainsi, je préfère regarder – et montrer – le beau. Car si on ne peut pas toujours changer les choses, on peut néanmoins changer la façon dont on les considère. Toute création n’est pas Art, c’est évident. Mais cette question n’importe que dans le cadre de débats philosophiques. En revanche, créer – même en tant qu’amateur – est un exutoire salutaire et n’en est pas moins noble. Le geste et l’intention priment. Le beau et le laid sont des notions subjectives et relatives. A mon sens, offrir sa subjectivité assumée, son prisme sur le monde, est précisément le travail de l’artiste (en herbe ou professionnel). Oser créer et donner à voir, sans prétention et avec joie, résume ma vision de la démarche artistique.
Présentation des 5 séries :
Flowaz est composée uniquement des pivoines en gros plan (une seule est retouchée) où les gouttes de rosée ou un scarabée vert au cœur de la fleur nous plongent dans le détail, à l’échelle de la fleur et de l’insecte et non plus de l’homme.
Konkrete met en scène des éléments rouillés, abîmés par le temps et les éléments ou juste bruts, industriels. Si on passe sans prêter attention, on ne voit que le tout, parfois laid ou trop banal pour nous interpeller. Mais si on observe la partie plutôt que le tout, on peut découvrir le beau sous/ derrière/ à côté du laid. A l’instar du vivant, l’inanimé possède des qualités qu’il faut parfois isoler afin de pouvoir les apprécier.
Kullaz propose des éléments colorés plutôt urbains (objets en métal et mur de briques recouvert de chewing-gums multicolores). La couleur est censé avoir un effet bénéfique sur l’humeur. Il s’agit donc ici d’égayer le quotidien en se focalisant sur la couleur et son support.
Seattlescapes présente des vues de nuit de la ville de Seattle, WA. La nature, pourtant très présente dans la ville (lacs, parcs, montagnes visibles en 3 points …), n’y figure pas. Ce sont des scènes nocturnes urbaines ou portuaires où les néons et lumières bavent et glissent dans la nuit, comme pour la rendre moins angoissante.
Rokokitsch emprunte des statues, icônes et autres objets de culte indéniablement intrinsèques à notre culture. Retouchée et très colorée à dessein (d’où son nom), cette série égaie et dynamise ces archétypes (de la mythologie grecque et de la religion chrétienne, essentiellement) et prolonge ainsi leur vie.
El Bo »