Les changements environnementaux amènent les spécialistes de tous les domaines à redéfinir les cadres et catégories de pensée pour faire face à ces bouleversements.
Des ouvrages de synthèse, dans la pluralité des débats, font le point sur les termes employés ( biosphère, éthique environnementale, écopsychologie, cultures de la nature, écocide, inégalités environnementales, milieu, transition énergétique…), les disciplines concernées (anthropologie, histoire, philosophie, géographie, sociologie, études littéraires, sciences politiques, économie, droit…), les auteurs et les textes de référence :
– Dictionnaire de la pensée écologique, 2015
– Guides des humanités environnementales, 2016
– Humanités environnementales, enquêtes et contre-enquêtes, 2017
– Les grands textes fondateurs de l’écologie, 2013
– Les pensées de l’écologie, manuel de poche, 2021
– La pensée écologique / Timothy Morton, 2010
Les penseurs de l’écologie revisitent l’idée de nature et de vivant, s’interrogent sur comment vivre avec la nature et les catastrophes annoncées. Ils appellent à imaginer d’autres modes d’habiter la Terre :
– Catherine Larrère (philosophe née en 1944) et Raphaël Larrère (agronome né en 1942) sollicitent la protection de la nature dans Penser et agir avec la nature : une enquête philosophique, 2015
– Philippe Descola (anthropologue né en 1949) décentre notre regard naturaliste d’Occidentaux par l’analyse des différentes relations des groupes humains avec leurs environnements : animisme en Amazonie, totémisme en Australie et analogisme en Inde, dans Par-delà nature et culture, 2015.
Il inspire une génération d’anthropologues : Charles Stépanoff, Nastassja Martin (née en 1986)
D’autres spécialistes mobilisent les sciences naturelles et sociales :
-Baptiste Morizot (philosophe né en 1983) enquête en agroécologie, en forêts et faune sauvage et élabore une réflexion singulière sur nos relations au vivant dans Raviver les braises du vivant, 2020
– Vinciane Despret (philosophe des sciences née en 1959) raconte les vies animales
– Frédéric Keck (anthropologue né en 1974) relate les risques sanitaires liés aux effets de l’urbanisation, l’élevage industriel, la déforestation et le changement climatique qui transforment nos relations aux non-humains dans Les sentinelles des pandémies, chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux, 2020
-Bruno Latour (sociologue né en 1947),suite à l’hypothèse Gaïa formulée en 1970 par le climatologue James Lovelock, conçoit la planète Terre comme organisme vivant dont l’homme fait humblement partie dans Face à Gaïa, le nouveau régime climatique, 2015
-Augustin Berque (géographe spécialiste du Japon né en 1942), suite à Watsuji Tetsuro dans Fûdo, 1935, élabore une mésologie ou science des milieux humains et vivants dans Ecoumène, 2000
– Corine Pelluchon (philosophe née en 1967) questionne la place de l’homme rendu vulnérable dans un monde fragilisé pour une éthique environnementale dans Réparons le monde. Humains, animaux, nature, 2020
Suite à l’écologie profonde proposée en 1970 par Arne Naess (philosophe norvégien, 1912-2009), d’autres conceptions de la nature écoféministes renouvellent la pensée de communauté écologique :
– Françoise d’Eaubonne (philosophe française, 1920-2005) fonde l’écoféminisme pour une gestion égalitaire du monde
– Val Plumwood (philosophe australienne, 1939-2008) appelle à Réanimer la nature, 2009
-Vandana Shiva (altermondialiste indienne née en 1952) défend la diversité agricole et culturelle contre les monocultures arides pour la survie alimentaire.
-Silvia Federici (philosophe italienne née en1942) identifie un capitalisme destructeur des terres, des femmes et du commun dans Caliban et la sorcière, 2014
-Dona Harraway (zoologue américaine née en 1944) embrasse les multiples formes de vie spécifiques en symbiose dans Vivre avec le trouble, 2016
-Isabelle Stengers (philosophe des sciences née en1949) ) est attentive aux phénomènes d’interdépendance dans le monde vivant et suggère qu’Une autre science est possible ! 2013
D’autres parcours s’inspirent de la nature tel un Biomimétisme, 1997 de la scientifique américaine Janine M. Benyus :
-Anna Tsing (anthropologue américaine née en 1952) déduit des espèces vivantes des manières intelligentes de coopérer dans Le champignon de la fin du monde ou la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, 2015
Enfin de nombreuses fictions et bandes dessinées font résonner ces préoccupations écologiques : climat, ressources énergétiques, biodiversité, territoire, projet de société, science et utopie :
– Le monde sans fin /dessiné par Blain. Le polytechnicien Jancovici fait un diagnostic de la crise énergétique, 2021
– Les petits pas ne suffisent pas / Nicolas Hulot et dessin de Muriel Douru appellent à l’action écologique, 2021
– Ecotopia / Ernest Callenbach : ce récit utopique publié en 1975 offre une voie concrète et désirable de relation passionnée avec la nature : femmes au pouvoir, autogestion, recyclage.
Voici quelques pistes de lecture qui invitent à découvrir l’écologie, véritable forêt de la pensée complexe et multiple.
Tous les ouvrages, cités dans cet article, sont empruntables à la BU du Mans : voir les listes de ces ouvrages en liens hypertextes.